SAGUENAY – Tel qu’annoncé la semaine dernière par Informe Affaires, Rio Tinto (RT) a confirmé ce matin, un investissement de 250 millions de dollars pour lancer officiellement la phase 1 du projet Vaudreuil 2022, qui permettra de prolonger la vie de l'usine Vaudreuil. Le directeur exécutif, Opérations – Atlantique chez RT, Gervais Jacques, était très heureux d’annoncer la consolidation des 1000 emplois générés par la raffinerie d’alumine.
« Je suis fier, au nom de Rio Tinto, de vous annoncer officiellement l'obtention des approbations et du financement nécessaires pour l'exécution de la phase 1 du projet Vaudreuil 2022. [...] Il nous permettra de prolonger les opérations de l'usine, tout en améliorant sa performance environnementale. [...] Avec ce projet, l'usine Vaudreuil se tourne résolument vers l'avenir. Une nouvelle usine de filtration, un nouveau procédé, des nouvelles perspectives », a déclaré M. Jacques en conférence de presse, devant plus de 150 personnes.
Les 250 millions de dollars d’investissement prévoient la construction d’une usine de filtration pour optimiser la capacité du site actuel de disposition des résidus de bauxite, d’un convoyeur, d’un débarcadère ainsi que des travaux aux installations portuaires de La Baie. Tout au long du chantier, qui débutera ce printemps, plus de 210 travailleurs seront mobilisés. À la fin des travaux prévus en mai 2020, plus d'une dizaine de postes seront ouverts en plus des milliers d’employés déjà en poste à la raffinerie.
Le projet sécurise également les opérations de l’usine, qui génèrent des retombées économiques de l’ordre de 135 millions de dollars dans la région. RT prévoit aussi générer des retombées supplémentaires avec les travaux de Vaudreuil 2022. Plusieurs contrats sont à venir. « L'équipe travaillera en étroite collaboration avec les entrepreneurs locaux. Déjà, des contrats ont été donnés à des firmes comme Proco, Chicoutimi excavation et les bureaux régionaux de Hatch », a confirmé le directeur général du Complexe Jonquière, Jean-François Nadeau.
Planifier l'avenir
Cette annonce fait suite aux démarches de consultation avec le milieu entamées en 2015 et met fin à plusieurs années d'incertitudes. Rappelons qu'en 2006, il était prévu ql'usine cesse ses activités en 2008. « Depuis 30 ans, son modèle a été questionné. [...] Nous produisons ici une alumine d'une grande qualité. Les synergies que nous avons avec les alumineries de la région nous positionnent favorablement dans l'industrie. [...] Ce qui s'est passé dans cette usine n'a pas beaucoup d'équivalents dans le Québec industriel. Dans une collaboration hors pair entre la direction, le syndicat, les employés, la communauté, on a revu les méthodes de fonctionnement de cette usine afin qu'elle demeure un atout stratégique important pour l'entreprise. Ce travail d'amélioration continue a fait que cette usine [...] atteint encore aujourd'hui le meilleur niveau de performance et environnemental parmi les comparables dans le monde », a raconté M. Nadeau.
Le projet permet maintenant à Rio Tinto d'envisager et de planifier l'avenir de la raffinerie. Le président du Syndicat national des employés de l'aluminium d'Arvida, Alain Gagnon, a même laissé entendre qu'il visait l'augmentation à deux millions de tonnes de la production de l'usine Vaudreuil « pour fournir l'alumine à l'ensemble des alumineries de la région [...] et mettre Vaudreuil complètement intégrée dans le complexe Jonquière ». Questionné à savoir si c'était une option envisageable, Gervais Jacques a expliqué que l'entreprise y réfléchissait. « C'est une chose qui est possible à analyser maintenant. Avant, on avait pas la vie de l'usine Vaudreuil en avant de nous. Maintenant, on est capable de regarder des options et ça va en être une intéressante à regarder », a déclaré Gervais Jacques.
RT poursuit également la préparation de la phase 2 de Vaudreuil 2022 en collaboration avec la communauté. Cette phase devrait être opérationnelle aux environs de 2027. Cette phase prévoit l'entreposage des résidus de bauxite dans un nouveau site développé de façon progressive ainsi que la réhabilitation du site actuel.
La R&D se poursuit pour la valorisation
Par ailleurs, l’entreprise a annoncé qu’elle poursuivait ses démarches pour trouver des solutions afin de valoriser les résidus de bauxite. Mentionnons qu’en septembre 2017, la multinationale a conclu un partenariat avec une entreprise américaine, Global Mineral Recovery (GMR). Cette entente pourrait mener à l’exploitation potentielle de résidus de bauxite de l’usine Vaudreuil. Les deux entreprises investissent ensemble 6 M$ dans la mise en place d’une unité de démonstration à l’intérieur de l’aluminerie. Le projet de recherches permettrait ultimement de récupérer jusqu’à 30 % du fer qui se trouve à l’intérieur de la matière.
Actuellement, GMR a complété le financement de 4 M$ et la commande est faite pour la construction du guide. « Présentement, le projet progresse bien. [...] Nous de notre côté le bâtiment est prêt. On a investi tout près de 450 000 $ à venir jusqu'à maintenant sur le 1,5 M$ qu'on avait annoncé. On a environ 200 tonnes de résidus dérivés à cet endroit-là. [...] Ça augure bien », a indiqué Jean-François Nadeau.
Précuites, le premier ministre ouvert
Le premier ministre Philippe Couillard a fait savoir que le prolongement de la durée de vie des précuites pourrait être assuré. « Je suis très très rassuré par la continuité annoncée ce matin. Il y aura prolongation, mais nous attendions de voir les intentions de l’entreprise avant d’aller de l’avant dans ce dossier », a-t-il souligné en marge de la conférence de presse tenue plus tôt ce matin. Le député de Roberval en a également profité pour féliciter l’initiative de la multinationale. « C’est une très bonne nouvelle pour la région et le Québec [...] La province serait moins riche sans l’aluminium du Saguenay–Lac-Saint-Jean. On a accompli un projet majeur. Ceci dit, je salue l’initiative de l’entreprise et aussi le syndicat des travailleurs, grâce au talent desquels on a réussi à arriver où on est aujourd’hui. La bonne nouvelle, c’est qu’il y aura d’autres projets en avant-plan, d’autres innovations qui vont permettre à l’industrie et à la région à rester à l’avant-scène. »
// Avec la collaboration de Jonathan Thibeault