Guy Bouchard
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Guy Bouchard

On ne le dira jamais assez, la pandémie de la COVID-19 a chamboulé la vie des entrepreneurs de partout sur la planète. Certains ont été partiellement ou grandement affectés, alors que d’autres y ont découvert des opportunités d’affaires. Certains en ont aussi profité pour réfléchir à faire les choses autrement.

SAGUENAY – C’est exactement le cas de Martin Saint-Gelais de BOX 1873, pour qui la crise a provoqué une profonde réflexion sur son modèle d’affaires et sur ses perspectives de croissance. L’entrepreneur a alors profité d’une période où l’achalandage de son atelier de mécanique automobile était réduit pour se lancer, en décembre dernier, dans une importante phase de modernisation de ses installations et équipements. Aujourd’hui il complète la création d’un atelier 4.0 où l’intelligence artificielle prendra une large place.

« La pandémie de la COVID a été un véritable choc. Mais elle a permis de révéler quelque chose qui sommeillait en moi. J’adore la technologie, avec laquelle je suis très à l’aise. J’ai décidé de combiner ma passion de l’automobile avec celle de la technologie. […] Il y avait une fenêtre entre décembre et aujourd’hui et j’ai décidé de foncer et d’investir, pour assurer l’avenir de BOX », lance-t-il, en expliquant qu’au terme d’investissements de quelque 650 000 $, BOX 1873 deviendra un atelier unique et différent dans la région, mais surtout, assurera sa pérennité. Le chiffre d’affaires de BOX 1873, se situant aujourd’hui à 1,5 M$, sera potentiellement dopé par l’ajout de ces nouveaux services, selon l’homme d’affaires, qui précise également que la mise à niveau a aussi permis de porter à 12 le nombre de postes de travail en mécanique disponibles pour les techniciens de l’entreprise.

Diagnostic quasi instantané

À titre d’exemple, un des équipements sophistiqués en cours d’installation permettra d’analyser le parallélisme des roues de manière très précise au moment même où un véhicule franchira une porte de l’immense atelier de 9 000 pi2. À ce moment, des dispositifs comprenant notamment des détecteurs infrarouges et des lasers combineront leurs données pour produire en temps réel un rapport numérique qui sera envoyé directement sur le mobile du client.

« Lorsque le véhicule entrera dans ce que j’appelle un tunnel d’analyse, des détecteurs dans le plancher et sur les côtés liront parfaitement l’alignement des roues sur la base des trois axes de référence. Le client recevra un rapport qui l’aidera à prendre une décision sur la suite des choses. Habituellement, les techniciens font cette vérification un peu aléatoirement, principalement en fonction de l’usure des pneus. Nous on pourra agir préventivement bien avant la détérioration des semelles.»

Les systèmes ADAS dans la mire

Selon l’homme d’affaires, ce que l’industrie de l’automobile appelle les systèmes ADAS (Advanced driver-assistance systems), ces nombreux dispositifs d’aide à la conduite (ex. : correcteur de trajectoire ou assistance au stationnement) maintenant intégrés dans les automobiles, camions et véhicules motorisés, constitueront dorénavant un secteur de croissance très prometteur pour BOX 1873.
« Quand un véhicule a été accidenté, les systèmes de radars et de caméras d’aide à la conduite doivent être recalibrés. C’est un enjeu majeur de sécurité. Nous serons le seul atelier dans la région à posséder les équipements pour le faire. Là, je vise le marché des ateliers de carrosserie, qui doivent remettre les véhicules en état. Ce n’est pas juste une question de posséder l’équipement, il faut savoir lire l’information et les procédures complexes, et moi, ça m’allume », lance-t-il.

Soigner les autos haut de gamme

Ce qui allume aussi beaucoup cet entrepreneur visionnaire et qui a été stimulé avec la crise de la COVID, c’est la passion qu’il entretient pour la remise en état des autos haut de gamme, notamment celles des constructeurs européens, dont il veut faire une spécialité. L’entreprise à une division qui s’appelle BOX Motorsport, dans laquelle sont remis à neuf des véhicules importés de grande marque ou des voitures antiques. « J’ai toujours aimé les autos exotiques, mais j’apprécie particulièrement la finesse de l’ingénierie et les performances propres à la mécanique européenne. […] Dans ce créneau, les clients que je recherche sont ceux qui veulent garder leur véhicule en bon état longtemps », explique-t-il.

Les garages à la croisée des chemins

SAGUENAY – Martin Saint-Gelais considère que les propriétaires d’ateliers de mécanique ont de grands défis à relever pour les prochaines années, alors qu’ils font face à deux enjeux majeurs : la complexité de l’entretien des véhicules, notamment avec le développement de voitures électriques, et la rareté de la main-d’œuvre spécialisée. Pour l’entrepreneur, investir dans les technologies et l’automatisation est une des avenues prometteuses pour faire face à ces problématiques.

« La crise dans les garages s’en vient. Avec tous les systèmes embarqués dans les véhicules et l’arrivée des voitures électriques, ça va devenir très compliqué d’offrir les services de réparation, surtout dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre. Si on veut perdurer, il faudra de la technologie. En plus, le fait d’être à la fine pointe, ça aide à recruter et à garder ses ressources en place », confie-t-il.

L’homme est aujourd’hui très à l’aise avec ce virage technologique. Il faut dire qu’il profite d’une expérience de 10 ans dans la grande industrie, où il a appris à maîtriser les enjeux de performance et de qualité dans la production de biens ou de services.

« Au départ, je suis technicien en aéronefs. J’ai travaillé dix ans pour Bombardier Aéronautique, sur la fabrication des avions. C’est une très belle école, très technologique, qui m’a permis de voyager à l’international et d’apprendre notamment la gestion de la performance Lean, dans la production », confie-t-il.

L’environnement à l’ordre du jour

Parfaitement à l’aise en anglais, Martin Saint-Gelais assure que ça lui facilite grandement la vie pour acquérir et comprendre les innovations technologiques et les procédures reliées aux équipements performants et sophistiqués dont la douzaine d’employés de BOX 1873 profite avec entrain actuellement. Et il a beaucoup d’attention et d’égard pour ses précieuses ressources humaines. Outre la propreté et la sécurité des espaces de travail, le patron a mis en place plusieurs mesures propices à garder les travailleurs fidèles. L’entreprise est notamment certifiée du programme environnemental la Clé Verte de niveau OR depuis 2017 (propulsé par Nature-Action Québec, qui certifie les bonnes pratiques en environnement et en sécurité notamment). Des conditions de travail avantageuses et souples ont aussi été mises en place pour favoriser le recrutement et la rétention du personnel.

Retour en région pour la famille

« J’avais fait le tour du jardin », confie le fondateur de BOX 1873, qui a effectué un retour en région en 2009, quittant un emploi payant et de haut niveau. Martin Saint-Gelais confirme également que des raisons familiales, dont le décès de sa mère, avaient à l’époque pesé lourd dans la balance. « Lorsque mon père s’est retrouvé veuf, j’ai décidé de me rapprocher de la région. Mon père exploitait déjà un garage de mécanique sur la rue Saint-Dominique à Jonquière et je suis venu travailler avec lui. Mais de la manière dont je suis fait, j’en suis venu rapidement à vouloir de la croissance et je me suis mis en mode expansion », raconte-t-il.

À partir de 2012, la bannière BOX 1873 a été lancée alors que l’entrepreneur a ouvert un autre atelier sur la rue Alexis-Le-Trotteur. Cette même année, s’est ajoutée aux services de BOX la franchise Location Discount auto et camion pour le secteur de Jonquière. Finalement, en 2016, un centre d’esthétique automobile a été créé dans le même secteur. L’objectif était à l’origine d’ouvrir d’autres sites, mais, en 2018, le contexte économique et la difficulté à recruter des cadres solides et de la main-d’œuvre compétente ont incité le groupe à viser l’optimisation des opérations qui ont été regroupées dans le bâtiment actuel.

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