SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN– La direction d’Énergie Saguenayrépond et nie formellement les informations véhiculées dans une lettre ouvertepubliée aujourd’hui et signée par unequarantaine d’économistes québécois qui émettent de sérieux doutes sur les promesses de retombées économiques. Dans un communiqué, l’entreprise soutient notamment qu’elle travaille depuis plusieurs années avec des experts de renom sur les questions environnementales, énergétiques et maritimes.
« Nous travaillons depuis 2014 avec des experts mondiaux en énergie, avec les rapports, les études économiques scientifiques les plus récents. On a des prévisions, des modalisations qui existent de l’Agence internationale de l’énergie qui démontrent clairement que le gaz naturel est une énergie de complément aux énergies renouvelables et qui est réellement une énergie qui est clé dans la lutte contre le charbon », affirme Stéphanie Fortin, directrice des communications et des relations avec les communautés pour le projet GNL.
Mme Fortin réfute également l’avis des économistes dans leur lettre ouverte qui soutiennent que le GNL va rentrer en compétition avec les énergies renouvelables. « C’est complètement faux. À l’heure actuelle, on parle d’un bouquet énergétique qui est disponible sur la scène mondiale. Il y a de nombreux pays qui sont actuellement en train de mettre en place des taxes carbones qui sont vouées à augmenter. Ces taxes-là ont un rôle majeur à jouer dans la compétition entre les énergies fossiles et renouvelables. Les pays favorisent l’utilisation des énergies renouvelables, mais on va toujours avoir besoin d’une énergie « fossile » dans les procédés industriels. Les pays comme l’Allemagne font de très gros efforts pour se sortir justement du charbon. Ils ont mis fin à l’aventure des centrales au charbon, et ils ont 80 % de leur énergie qui est fait avec du renouvelable (solaire, éolien, production électrique), mais le 20 % qui reste, c’est du gaz. En Allemagne, ils sont même en train de développer deux terminaux d’importation de gaz naturel liquéfié. Le message ce matin est de se dire qu’il n’y a jamais une médaille suffisamment mince pour n’avoir qu’un seul côté. Il faut regarde tout cela dans une perspective globale », précise Mme Fortin en entrevue avec Informe Affaires.
Objectif : réduction de GES
Dans son communiqué, Énergie Saguenay réitère que la finalité de son projet, quand on le place dans une perspective mondiale, est la réduction des gaz à effet de serre dans le monde.
« Il existe encore 6 000 centrales thermiques alimentées au charbon. Des données récentes nous démontrent encore un accroissement de la demande pour ce type d’énergie polluante, or selon, l’Agence internationale de l’énergie, le gaz naturel comme énergie de substitution au charbon a permis de réduire de 500 millions de tonnes les GES émis entre 2011 et 2018. De plus, dans le cadre de la production de son étude d’impact environnemental, Énergie Saguenay a fait produire une analyse de cycle de vie par le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) qui rassemble plusieurs experts universitaires des secteurs de l’environnement et de l’énergie. Cette analyse a également été auditée par une firme indépendante. »
Stéphanie Fortin rappelle que le projet en est dans une quatrième ronde de financement. « Pensez-vous réellement que les investisseurs actuels seraient encore dans le projet et qu’il y en aurait des nouveaux qui seraient en train d’embarquer s’il n’y avait pas des opportunités d’affaires ? On espère tous se défaire complètement des énergies fossiles. Mais au moment où l’on se parle, le miracle énergétique n’est pas arrivé. C’est important de rappeler que ça prend des énergies fossiles pour faire des panneaux solaires. Il faut regarder cela dans une perspective globale et on espère que l’usine de GNL Québec soit la dernière à fermer au monde, car elle sera la moins polluante. Mais, on n’est pas là juste pour 20 ans. »
Manque de main-d’œuvre
D’autre part, les économistes font, dans leur lettre ouverte, une mise en contexte des promesses de 6000 emplois directs et indirects pendant la construction et de 1100 autres pour l’usine de liquéfaction. Ils mentionnent que les emplois promis dans la région par GNL Québec seront surtout comblés par des employés venant de l’extérieur de la région ou par des employés quittant leur emploi actuel pour travailler à la construction du complexe gazier, aggravant la situation de pénurie de main-d’œuvre.
« N’est-ce pas ce que l’on souhaite dans la région de faire venir des travailleurs de l’extérieur ou de ramener nos jeunes dans la région pour travailler dans de bons emplois? Comment peut-on s’opposer à cela et dire que ça devient une problématique ? Notre siège social est ici dans la région avec déjà une vingtaine d’employés. On reçoit plein de CV de l’extérieur et pas seulement des gens qui viennent de la région. Déjà, on voit qu’il y a un attrait. De plus, on travaille avec les intervenants locaux pour développer des créneaux d’enseignement pour combler les emplois qui sont nécessaires aux opérations qui sont des emplois extrêmement spécialisés. Il faut rappeler aussi que le projet Énergie Saguenay est soumis aux processus d’évaluation environnementale des gouvernements provinciaux et fédéraux. Ces processus sont parmi les plus stricts et rigoureux dans le monde. »
À propos d’Énergie Saguenay
GNL Québec développe depuis 2014 le projet Énergie Saguenay, un complexe industriel de liquéfaction de gaz naturel sur le site de Port Saguenay. Le projet comprend des équipements de liquéfaction, d’entreposage et de gaz naturel liquéfié (GNL) et repose sur un investissement évalué à 9 milliards de dollars canadiens. En plus de générer des retombées économiques majeures au Québec à court, moyen et long terme, le projet vise à soutenir les efforts de lutte aux changements climatiques en Europe, en Asie et ailleurs dans le monde, en offrant une énergie de transition qui remplacera d’autres énergies plus polluantes, telles que le charbon et le mazout. Enfin, le projet se démarque de tous les autres projets de GNL puisqu’il sera alimenté en hydroélectricité, ce qui en ferait l’usine de liquéfaction avec la plus faible empreinte environnementale au monde.
Gazoduq apporte ses précisions
Par ailleurs, Gazoduq répond formellement en deux points à certaines informations qu’il qualifie d’erronées dans la lettre ouverte des 40 économistes concernant son projet de conduite souterraine de transport de gaz naturel dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui :
Tout d’abord, l’entreprise signale que la lettre mentionne uniquement des retombées économiques de 36 M$ pour l’ensemble de la durée de vie du projet. C’est inexact. Gazoduq a plutôt effectué une annonce de retombées économiques de l’ordre de 36 M$ par année au Québec et en Ontario. Cela correspond uniquement aux retombées annuelles et récurrentes qui seraient versées aux communautés par Gazoduq sous forme de taxes et par l’entremise de son Fonds pour les communautés. Le portrait complet des retombées économiques directes et indirectes, y incluant celles pour les communautés autochtones, sera connu au cours des prochains mois via des études indépendantes.
Deuxièmement, la lettre ouverte soulève aussi le risque présumé « qu’une fois Gazoduq construit, le tracé ainsi dégagé encourage la construction d’un oléoduc ». Sur cette question, Gazoduq et ses dirigeants ne peuvent être plus clairs : « notre projet est uniquement un projet de gazoduc et ne sera jamais rien d’autre ». Notre engagement est clair et sans équivoque. Dans aucun cas notre projet pourrait devenir autre chose ou servir à autre chose que transporter du gaz naturel. Autant d'un point de vue technique que réglementaire, l'emprise (« le corridor dégagé ») ne peut servir qu'à un seul projet, soit notre conduite souterraine de transport de gaz naturel. Il n’y a aucune ambiguïté sur cette question.
Rappelons que le gazoduc est le moyen de transport d’énergie le plus sécuritaire selon Transport Canada.