Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Développement minier : les projets miniers et leurs enjeux au Saguenay-Lac-Saint-Jean et au nord du Québec », publié dans notre édition du mois d’octobre.

SAGUENAY – Bien que le secteur minier soit l’un des premiers à avoir commencé à utiliser les drones, leur usage demeure peu répandu dans le domaine de l’exploration. Pourtant, ils possèdent de nombreux avantages pour ce secteur de l’industrie minière.

L’usage des drones est relativement répandu au sein des mines en exploitation, par exemple pour calculer les stocks de volumes et effectuer la gestion des escarpements. En effet, la superficie de ces sites et l’absence d’arbres sur les lieux, en général, facilitent l’utilisation de drones sans nécessiter d’équipement dispendieux.

Dans le domaine de l’exploration minière, toutefois, les entreprises sont encore rares à offrir des services de drones, bien qu’ils permettent d’obtenir des données plus précises grâce aux relevés hyperspectral, multispectral, magnétomètre et Lidar. « C’est encore nouveau, ce qu’on fait du côté de l’exploration minière. […] Actuellement, on est les seuls au Québec qui le font », mentionne Maude Pelletier, présidente-directrice général de MVT Géo-Solutions (anciennement Génidrone).

Des équipements très précis

Mme Pelletier explique que les drones viennent raffiner les analyses réalisées par imagerie satellitaire. Pour le Lidar, par exemple, les drones volent plus bas que les avions généralement utilisés pour l’acquisition de ces données, ce qui permet d’aller optimiser le nombre de points de référence et d’offrir plus de précisions dans les données. « Le drone donne un rendu complet d’une plus grande précision. […] Tout est très précis, on peut même aller chercher un 3D comme s’y on y était en combinant les photogrammes et le Lidar. […] De plus, on va relever une zone de façon beaucoup plus rapide que s’il faut envoyer des gens directement sur le terrain. […] Plus les entreprises minières ont de données pour bien décider où ils font les forages, plus c’est économique pour eux », explique-t-elle.

MVT Géo-Solutions offre également à ses clients, au besoin, une combinaison des données Lidar et de magnétomètre, en collaboration avec l’entreprise Global UAV. MVT Géo-Solutions utilisera alors le Lidar afin d’aller relever les points sous les arbres et au-dessus, ce qui permet d’avoir une idée précise de la topographie du terrain et de la hauteur des arbres. Le drone prenant les données de magnétomètre peut ensuite voler beaucoup plus près des arbres, permettant ainsi d’obtenir des données beaucoup plus précises. L’entreprise peut aussi créer des plans topographiques et des modèles d’élévation, dessiner des courbes de niveau, etc. grâce à la reconstitution 2D ou 3D d’un site donné.

Grande complexité

L’utilisation de drones pour l’exploration minière relève d’un haut niveau de complexité et les équipements nécessaires coûtent très cher. Elle n’est donc pas à la portée de n’importe qui. « Il faut une bonne planification du terrain et de la télémétrie. Pour le drone, il faut une bonne performance de captation et une grande capacité de charge, puisque les équipements sont lourds », indique la PDG, précisant que c’est pour ces raisons que la plupart des entreprises minières donnent des contrats en sous-traitance plutôt que d’effectuer le travail par elles-mêmes.

Maude Pelletier explique qu’il y a plus de risques aussi que dans d’autres secteurs. « On doit voler bas et sur des superficies vraiment très grandes. C’est donc important de vraiment bien planifier l’itinéraire. Et souvent, les projets sont dans le Nord, où les conditions ne sont pas toujours faciles », affirme-t-elle, évoquant notamment le froid et les forts vents. L’entreprise s’est notamment dotée d’une nacelle qui permet à l’opérateur de s’élever au-dessus des arbres pour conserver un contact visuel et une bonne télémétrie avec l’appareil.

Présence internationale

MVT Géo-Solutions fait actuellement environ 70 % de son chiffre d’affaires à l’extérieur du Québec, avec une bonne partie au Canada. Les gestionnaires de l’entreprise basée à Québec prévoient toutefois mettre des efforts à faire connaître leurs services dans la province, afin d’aller chercher ce marché. « On veut vraiment donner un coup au niveau commercial pour aller chercher plus de clients au Québec », assure Mme Pelletier.

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