SAGUENAY – La minière First Phosphate implantera une usine de phosphate de fer dans l’usine déjà existante de Proco, à La Baie. L’ouverture de cette installation de 10 000 tonnes par an nécessitera des investissements de quelque 90 M$ canadiens.

Le projet a été annoncé ce matin en conférence de presse. Nommée First Saguenay, cette usine de taille commerciale devrait générer une centaine d’emplois de haute technologie. Sa première production est prévue pour le premier trimestre de 2026. Elle s’installera dans une grande partie du bâtiment de l’usine de Proco au 5373, chemin St-Anicet pour lequel l’entreprise a signé un bail de 10 ans. Ce dernier est conditionnel à ce que First Phosphate obtienne le financement nécessaire pour mener à bien les activités avant le 30 avril 2025. L'entreprise est actuellement en discussions avec plusieurs partenaires potentiels afin de compléter ce financement.

Le phosphate de fer est un précurseur clé utilisé dans la production de matériau actif de cathode pour les batteries de lithium fer phosphate (LFP). La construction de cette usine fait partie du projet d'intégration verticale complète de production de batterie LFP de First Phosphate. Ses dirigeants ont choisi de commencer par cette étape en raison de la forte demande pour le phosphate de fer. "Les clients le demandent. Il y a une fenêtre d'opportunité et, avec les nouvelles règles de l'Inflation Reduction Act qui sont entrées en vigueur, il fallait bouger maintenant. Nous partons très vite pour rentrer et saisir le marché", explique le directeur général de l'entreprise, John Passalacqua. Ce dernier ajoute avoir déjà des commandes pour les 10 000 tonnes que produira l'usine baieriveraine.

Les intrants nécessaires à la production de phosphate de fer seront donc importés de l'extérieur en attendant que le projet de mine, situé près de Bégin, voie le jour. La minière cible l'horizon de 2028 pour ce projet, selon les informations dévoilées par M. Passalacqua.  

Choix stratégique

Le choix s’est porté sur l'usine existante de Proco puisque cela permet devancer l'échéancier de deux ans par rapport à une construction neuve. "Ça facilite le développement", mentionne David Dufour, gestionnaire des relations publiques de First Phosphate. 

L’installation est déjà chauffée, équipée d'eau de traitement, de traitement des eaux usées, de gaz naturel, d'électricité à haute tension et est desservie par le chemin de fer nord-américain, qui passe directement dans le bâtiment. Le site possède un autre avantage logistique, puisqu’il est situé à 20 km du port en eau profonde de Saguenay, où transiteront les marchandises nécessaires aux activités de First Saguenay.

De plus, l'ensemble de l'installation occupe plus de 305 000 pieds carrés d'espace industriel, dont certaines parties devraient devenir progressivement disponibles pour l'expansion des activités de First Saguenay. Plusieurs hectares de terrains industriels adjacents sont aussi disponibles pour l'expansion des activités. "Nous commençons avec 10 000 tonnes, mais nous pourrons augmenter graduellement la production en fonction des commandes en provenance du Canada, des États-Unis et de l'Europe", indique John Passalacqua.

Étude de faisabilité

First Phosphate a entamé la première phase de l’étude de faisabilité de son projet avec Ultion Technologies, une entreprise américaine de l’industrie des batteries LFP. Cette étude vise à déterminer l'infrastructure requise pour appuyer les demandes de permis ainsi que les exigences de modernisation des installations louées. L'entreprise pourra compter sur le soutien de Proco, qui agira à titre d'entrepreneur général et possède une grande expertise dans les projets industriels majeurs.

La technologie qui devrait être implantée dans l’usine est en opération dans deux autres usines dans le monde, l’une de 10 000 tonnes et l’autre de 50 000 tonnes. First Phosphate estime ainsi qu’elle pourra donc passer directement à une production commerciale sans passer par une étape pilote. 

Soutien régional

Pour l’établissement de ce projet, First Phosphate a pu compter sur le soutien de plusieurs acteurs régionaux, dont Promotion Saguenay, la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord (CCISF), Alliage 02, le Comité de maximisation des retombées économiques du Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh. Ces organismes se sont d’ailleurs réjoui de l’annonce.

Pour la mairesse de Saguenay, Julie Dufour, cette annonce contribue à concrétiser la vision du développement industriel de Saguenay. Elle assure que la Ville est prête à accompagner les projets d'envergure et que "l'avenir s'annonce prometteur".

« Cette usine constitue le premier maillon de la Vallée de la batterie LFP au Saguenay-Lac-St-Jean. Notre objectif est de faciliter la création de cette filière nord-américaine, ici, chez nous, au Saguenay-Lac-St-Jean : de la mine de phosphate, à la poudre de cathode LFP et, éventuellement, à la batterie LFP elle-même » a souligné, par voie de communiqué, Éric Larouche, président du conseil d'administration de Promotion Saguenay. 

« Cette annonce est un autre pas très positif pour l'exploitation de phosphate dans notre région et le début de la filière LFP au Saguenay-Lac-St-Jean, Québec. Il y a longtemps que l'on parle de ce potentiel et on voit, enfin, que les efforts de l'équipe de First Phosphate se manifestent en réalité aujourd'hui et pour des années à venir », a pour sa part déclaré Andrée Laforest, députée de Chicoutimi, ministre des Affaires municipales du Québec et ministre responsable de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.