SAGUENAY – À titre de président du conseil d’administration de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, de président de Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean et de propriétaire de deux complexes hôteliers dans la région, Éric Larouche, est bien placé pour le clamer haut et fort : les touristes internationaux et domestiques constituent une des clés de voûte de la solution pour la mise en place d’un service aérien fiable et économique pour l’ensemble des régions du Québec.
En entrevue avec Informe Affaires, l’homme est catégorique : nous devons nous appuyer sur la manne de milliers de visiteurs et vacanciers qui passent dans la métropole et la capitale du Québec et développer une stratégie pour les inciter à venir nous visiter. Ce faisant, le volume de sièges vendus par les compagnies aériennes impliquées leur permettra de donner un bien meilleur service et d’assurer la rentabilité des routes aériennes. « Il faut profiter du bassin de touristes qui atterrissent à Québec et Montréal et les intéresser à visiter notre région. La stratégie pour le faire doit être améliorée […] notamment en ce qui concerne le support à la commercialisation des destinations
régions », lance Éric Larouche.
Le courage d’instaurer un « prix plancher », et vite
Mais avant tout, il faut instaurer des tarifs abordables. Malgré les bonnes intentions du gouvernement Couillard, à la conclusion du Sommet sur le transport aérien régional en février dernier, de mettre des sommes d’argent à la disposition des acteurs de l’industrie (Subside à l’achat de billets et fonds de commercialisation), l’homme réitère son invitation pour qu’Ottawa et Québec adoptent de façon urgente une règlementation qui fixerait un
« prix plancher » pour les billets d’avion à destination et en partance des régions.
« Il faut faire comme on a fait pour l’industrie pétrolière. Établir un prix coûtant et y ajouter les taxes et les frais d’exploitation et un profit raisonnable. Le principe de la petite marge et du gros volume fera le reste du travail. […] L’argent est là et c’est urgent. Il faut agir rapidement, la saison touristique est à nos portes », explique l’hôtelier, qui avance que la clientèle d’affaires serait une des premières à profiter de meilleures conditions, ce qui serait un plus pour le développement économique régional. « Les entrepreneurs se sont dégagés du transport aérien pour leurs affaires parce ce que les coûts sont déraisonnables ».
Une protection contre la concurrence déloyale
Pour Éric Larouche, le contrôle des prix est incontournable pour assurer la pérennité du service hors des grands centres. « Il faut que les gouvernements aient le courage politique d’adopter une réglementation ou un programme de support au transporteur », avance Éric Larouche. Avec ces conditions gagnantes, la compétition déloyale pourrait être déjouée, ce qui aurait potentiellement comme effet d’intéresser de nouveaux joueurs à venir offrir leurs services sur les destinations régionales. Et le fonds de commercialisation fera le reste. « Il s’agit essentiellement de mesures pour s’assurer de protéger de nouveaux transporteurs contre les pertes provoquées par des conditions de quasi monopoles et de concurrence déloyale qui désavantagent nos régions. […] Le momentum est là pour tester un nouveau modèle », lance-t-il.
Adapter les équipements au marché
L’homme d’affaires poursuit en expliquant que les transporteurs devront aussi faire leur bout de chemin et avoir l’audace d’utiliser les bons équipements sur les destinations régionales de façon à être efficients et rentables. « Le volume de passagers potentiels des avions doit être adapté aux destinations. On utilise un train pour les destinations internationales, un autobus pour desservir les régions et un taxi pour joindre les villes aux alentours », image-t-il pour faire une analogie avec le transport routier.