Informe Affaires - Édition Mars 2016 - page 24

24 • MARS 2016 •
INFORME AFFAIRES,
Le MENSUEL
économique d’ici
212G03-16
Le positionnement avantageux du Saguenay-Lac-St-Jean en tant
que porte d’accès à la Côte-Nord et au Nord du Québec a eu, et
continuera à avoir dans les années à venir, d’importants impacts
positifs sur notre économie. On n’a qu’à penser à la très impor-
tante grappe économique régionale liée à la construction et aux
grands travaux pour s’en convaincre. Mais, me direz-vous, en quoi
la construction éventuelle d’un tunnel qui réunirait l’Ile de Terre-
Neuve au Labrador nous concernerait ?
Napoléon disait que la politique d’un État était dans sa géographie. Je
vous invite donc à consulter la carte qui accompagne ce texte. Vous y
constaterez que la distance entre la ville de Québec et Saint-Jean de
Terre-Neuve - en passant par la Côte-Nord et un nouveau tunnel sous le
détroit de Belle Isle - serait de 2 360 km ou 27 heures de route (cela
nécessiterait également de prolonger la route 138 de La Romaine à
Blanc-Sablon au Québec).
Des économies substantielles
Par le tracé actuel, une charge de camion doit parcourir la même dis-
tance (2320 km ou 23 heures), mais doit en plus emprunter un traver-
sier qui coûte autour de $ 500 le passage, tout en ajoutant 8 heures
au trajet (6 heures de navigation et 2 heures d’attente), pour un trajet
total de 31 heures. Un nouveau tunnel génèrerait donc une économie
de temps d’environ 15 % et de $ 500 par voyage de camion (ceci sans
compter le temps/coût de retour du camion), en plus d’être plus sécu-
ritaire. Imaginez également l’importance des volumes de produits qui
pourraient être expédiés à partir de chez nous.
Actuellement, 35 % de tout le trafic routier commercial à destination
de l’Ile de Terre-Neuve vient de fournisseurs situés à l’ouest de la ville
de Québec, qui seraient immédiatement avantagés de passer par la
Côte-Nord/le Saguenay-Lac-St-Jean et le nouveau tunnel, plutôt que
par le trajet actuel. Le 65 % restant de l’approvisionnement actuel de
l’ile de Terre-Neuve pourrait être bien moins coûteux à faire transiter,
par ou à partir du Saguenay-Lac-St-Jean, si un tunnel réunissant l’Ile
de Terre-Neuve au Labrador était construit.
Bien que la province de Terre-Neuve soit notre voisine, elle est peu
connue au Québec. Rappelons-nous que l’économie de l’ile (525 000
habitants) s’accroit en moyenne de
7 % par an depuis plus de 15 ans. En
termes concrets, l’économie combinée de
Terre-Neuve et du Labrador représente déjà 34 milliards de $ par
an. Un chiffre qui s’accroit en moyenne de plus de 2 milliards de $
par an…
Faisabilité Du tunnel
Lafaisabilitétechniqued’unteltunnelaétédémontréeen2004parune
étude détaillée de la firme d’ingénieurs HatchMott MacDonald. Pour un
tunnel de 26 km, on estimait alors les coûts de construction à 1,2 mil-
liard de $ (sans compter la prolongation de la 138 au Québec), pour un
achalandage prévu à terme d’environ 3 500 véhicules par jour. L’élargis-
sement de la route du Parc des Laurentides a coûté 950 millions de $
pour une circulation comparable, alors que le Pont de la
Confédération de 13 km de long, réunissant l’Île-Du-Prince-Édouard au
Nouveau-Brunswick, a coûté 1,2 milliard de $ en 1997.
une opportunité pour la région
Il est bien évident que de réunir physiquement l’ile de Terre-Neuve au
Labrador et au reste du Canada est une idée qui, en plus d’un inté-
rêt économique certain, prend une immense signification politique,
autant pour les citoyens de Terre-Neuve que pour ceux du reste du
Canada. Il y a bien sûr des partisans et des opposants à ce projet, mais
soyons certains qu’il se réalisera. Considérant que le positionnement
économique du Saguenay-Lac-St-Jean sera des plus avantagés par la
concrétisation d’un tel lien avec Terre-Neuve, notre région aurait donc
tout intérêt à suivre ce dossier de bien plus près.
Roger Boivin est issu d’une famille d’entrepreneurs établie à La Baie depuis sept générations. Sa carrière de plus de
trente ans en développement économique l’a amené à oeuvrer aux niveaux municipal, régional, québécois et cana-
dien. Depuis 10 ans, il est président du Groupe Performance Stratégique, une firme spécialisée en développement
économique, communications et conseils stratégiques. À ce titre, il a été au cœur de la stratégie «ON Y VA» des tra-
vailleurs d’ALCAN ayant conduit à l’établissement au Saguenay de l’usine AP-60, il a contribué significativement à la
stratégie ayant conduit au redémarrage de la papeterie de Dolbeau-Mistassini et a recruté la compagnie Américaine
Century Aluminium qui a récemment étudié le projet d’implanter une aluminerie dans la MRC Maria-Chapdelaine.
Un tUnnel entre terre-neUve et le labrador?
Une réelle opportunité pour la région
1...,14,15,16,17,18,19,20,21,22,23 25,26,27,28,29,30,31,32
Powered by FlippingBook