Nous sommes tous au fait des statistiques soulignant le vieillissement de la population du Québec, qui touche plus particulièrement les régions. La récente étude de l’Institut du Québec intitulée « Le Bilan 2018 de l’emploi au Québec : L’émergence d’un clivage entre la métropole et les régions du Québec », illustre l’impact de ce vieillissement sur le bassin de la main-d’œuvre de manière éclatante dans son document.
Bien entendu, le Saguenay–Lac-Saint-Jean est fortement touché par le phénomène, dopé par la retraite massive des baby-boomers chez-nous. Cela inquiète grandement l’ensemble des organisations et intervenants économiques de notre région, dans un contexte où plusieurs grands projets économiques vont émerger au cours des prochains mois.
Toutefois, même si de nombreux enjeux demeurent préoccupants en regard du vieillissement de notre population, notamment la pression sur le système de santé, les chiffres illustrant cette tendance lourde cachent un potentiel inestimable, qui pourrait aider grandement la transition économique que la région s’apprête à vivre. Il s’agit de la manne de travailleurs potentiel de 60 ans et plus, retraités ou en voie de l’être. Ce sont des gens motivés, bien formés, stables, qui sont souvent en mesure de donner encore de bonnes années de services à un employeur. Qui plus est, les gens vivent plus longtemps et sont en meilleure santé que la génération qui les précède. Plusieurs de ces personnes, pour des raisons économiques ou parce qu’ils veulent demeurer actifs, pourraient facilement demeurer sur le marché du travail ou le réintégrer si des mesures fiscales étaient adoptées par les deux paliers de gouvernement.
Comme l’étude citée plus haut l’explique, « il faut s’assurer que la fiscalité soit un incitatif plutôt qu’un facteur de démotivation, comme c’est présentement le cas. À certains niveaux de revenus, plusieurs travailleurs d’expérience subissent des taux d’imposition marginaux […] si bien que leurs revenus seraient équivalents ou même moindres en continuant de travailler. C’est une barrière qu’il faut rapidement supprimer ».
Du côté de la FADOQ, qui regroupe plus de 25 000 membres au Saguenay–Lac-Saint-Jean, on estime que plusieurs améliorations à la fiscalité sont nécessaires pour encourager les personnes retraitées à continuer de travailler. L’organisme presse le gouvernement fédéral de soutenir plus activement les travailleurs d’expérience afin de favoriser leur maintien sur le marché du travail. Des sommes doivent être allouées aux provinces pour soutenir ces travailleurs.
Puisque la fiscalité nuit à la retraite progressive et que les employeurs de travailleurs d’expérience manquent d’incitatifs, la FADOQ propose la mise en place d’un crédit d’impôt et d’une subvention aux entreprises pour favoriser l’embauche et le maintien en emploi des travailleurs d’expérience. Ces recommandations aideraient grandement, selon l’organisme, à combattre la pénurie de main-d’œuvre qui touche actuellement le Québec.
Par ailleurs, il faut regarder également du côté de l’intégration en emploi des personnes faisant partie de groupes sous-représentés, notamment les autochtones et les personnes vivant des problèmes de santé mentale ou aux prises avec un handicap physique. Mentionnons que nos entreprises d’économie sociale font d’ailleurs un excellent travail à ce chapitre, comme je l’ai souligné dans un commentaire publié dans notre édition de novembre dernier.