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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – La banque alimentaire régionale Moisson Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ) vient d’entamer une démarche de développement durable. L’équipe souhaite mettre en place de nombreux projets pour devenir plus écoresponsable au cours des prochaines années.

L’organisme, qui compte neuf travailleurs permanents, deux postes avec subvention salariale pour réinsertion à l’emploi et de 30 à 40 bénévoles, estime qu’il peut faire plus, notamment pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES).

« Avec notre programme de récupération des aliments dans les supermarchés, nous avons calculé que nous avons recouvré 687 000 kilos de denrées en 2022. Cela représente 933 tonnes de GES que nous avons évité de rejeter dans l’atmosphère. Cependant, rien n’est parfait. Nous avons parfois des produits qui ne peuvent pas être consommés, donc nous avons du compost et des rebuts. En lien avec ces résidus, nous avons émis 164 tonnes de GES. C’est là-dessus que nous voulons travailler », affirme le directeur général, Yanick Soumis.

C’est donc avec cette idée en tête que M. Soumis a participé à la formation Penser autrement dans un monde en transition. Offerte par Énergir en partenariat avec l’Université de Sherbrooke, celle-ci lui a permis de s’outiller pour entamer la démarche de développement durable, puisqu’elle était axée sur la relance économique après une crise et la création d’un modèle d’affaires plus vert.

Nouveau service

Après les 20 heures de formation réparties sur sept semaines, le directeur général de Moisson SLSJ a maintenant une idée plus claire des actions à poser. Il souhaiterait ainsi mettre en place un service de conditionnement dans ses installations, mais seulement si celui-ci n’existe pas ailleurs. Cela permettrait de récupérer certains aliments qui iraient au rebut, comme les fruits et légumes un peu flétris, et donc d’éviter l’émission de GES.

« Nous regardons la viabilité pour ce projet. S’il existe un service efficace, nous allons leur fournir les denrées. […] Mais pour moi, un espace dédié à l’intérieur de nos installations, c’est gagnant. Si nous conditionnons les aliments sur place, nous évitons du transport. Nous n’avons pas à reprendre la nourriture pour l’apporter à un autre centre, puis aller la rechercher lorsqu’elle est prête », souligne Yannick Soumis.

Ce dernier prévoit toutefois limiter le service à un créneau bien précis. « Par exemple, nous pourrions nous concentrer uniquement sur les fruits et légumes pour les blanchir et les surgeler ou encore les déshydrater. Nous voulons agir en complémentarité des organismes existants ».

Agrandissement

Avant de pouvoir réaliser ce projet, Moisson SLSJ doit d’abord bénéficier d’un espace plus vaste. « Nous occupons actuellement environ 10 000 pieds carrés, mais nous sommes à l’étroit. Nous regardons donc pour doubler notre superficie à l’échéance de notre bail en juillet 2023. La section de conditionnement serait incluse dans notre nouveau local. […] Nous voulons aussi être capables d’accueillir plus de denrées et d’en redistribuer plus. La demande d’aide alimentaire est en hausse. Dans les Moissons en général, on constate de 40 à 50 % d’augmentation, particulièrement depuis l’automne 2021 », indique M. Soumis.

Les coûts des deux projets ne sont donc pas encore connus, puisqu’ils dépendront de la salle à aménager (un agrandissement du bâtiment actuel ou un déménagement sont possibles) et des équipements qui seront requis.

Toujours dans le but de diminuer les émissions de GES liées à la nourriture qui se retrouvent au compost ou au rebut, le directeur de l’organisme évalue aussi l’option d’acquérir des digesteurs, qui transforment en une quinzaine d’heures les aliments en poudre pouvant être utilisée, par exemple, en agriculture. « C’est quelque chose qu’on regarde afin d’éviter d’envoyer au compost des denrées sur le point d’être périmées qu’on ne peut pas récupérer. »

Le remplacement de camions à essence par des modèles au gaz naturel lorsqu’ils arrivent en fin de vie est également envisagé.

Un entrepôt au nord du Lac

L’autre projet qui tient à cœur au directeur de Moisson SLSJ est celui d’implanter un entrepôt au nord du Lac-Saint-Jean pour assurer le service dans les MRC de Maria-Chapdelaine et du Domaine-du-Roy. Actuellement, l’organisme s’y rend toutes les deux semaines, mais la création d’un entrepôt permettrait de mieux servir les organisations clientes. De plus, cela garantirait la récupération des denrées localement auprès des épiceries, de même que des producteurs agricoles.

« C’est sûr qu’on va le faire, mais c’est une question de temps. Il y a des contacts établis, mais je ne peux pas faire d’annonce parce qu’il n’y a rien de signé encore. C’est vraiment dans nos projets et nous espérons beaucoup que ça soit fait avant 2023. Toutefois, nous sommes conscients des délais actuels dans plusieurs secteurs qui pourraient retarder les choses, mais nous visons tout de même l’implantation de l’entrepôt en 2023 au maximum », résume Yanick Soumis.

Mentionnons que la formation suivie avec Énergir encourageait les échanges avec les autres entrepreneurs participants. Cela permet désormais à M. Soumis de compter sur un réseau de contacts pour partager des idées et favoriser la réussite de ses différents projets de développement durable.

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