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Maxime Hébert-Lévesque

SAINT-HENRI-DE-TAILLON – Les idéateurs de la Web-série Chez Padré, qui se compose d’entrevues menées par le chanteur Serge Fiori avec des personnalités publiques québécoises, ont voulu briser le moule imposé par les grands réseaux télévisuels au niveau de la production. En effet, les concepteurs ont choisi de s’autoproduire et de conserver le contrôle sur la mise en marché. Une décision qui a porté fruit puisqu’ils ont grandement diminué leur coût de production.

« Nous avons réalisé quelque chose d’unique qui a coûté une fraction du prix que si nous l’avions fait avec un réseau national. Tourner les 11 épisodes avec toute la logistique qui les entourent et les dépenses de plateau a nécessité un investissement de 225 000 $. Ce n’est pas grand-chose puisqu’une pareille opération chez un producteur traditionnel ça représente près d’un million de dollars », explique Michaël Gagnon, président-directeur général chez Strata Communications et initiateur ainsi qu’idéateur du projet Chez Padré avec Serge Fiori et Hélène Lévesque.

D’ailleurs, le célèbre musicien voulait pour son projet une indépendance totale. « Avoir inclus un réseau dans notre concept, ça l’aurait été comme un chien dans un jeu de quilles. Ils auraient voulu couper, modifier et imposer ses standards. Je voulais en quelque sorte briser le moule des entrevues traditionnelles de 12 minutes qu’on voit à la télévision. Je voulais des entretiens plus en profondeur et je crois que nous avons réussi », explique l’un des fondateurs du groupe Harmonium.

Une production indépendante

Serge Fiori a fait aménager un studio de télévision à sa propriété de Saint-Henri-de-Taillon vise à vis le lac Saint-Jean pour les tournages. « Pas de délais imposés et aucune restriction sur la durée des tournages. J’avais le luxe de mettre à l’aise mes invités et de prendre le temps qu’il faut. Certains se sont livrés après quelques minutes, mais d’autres ont demandé des heures et un peu de vin ! Le set-up que nous avons mis en place faisait en sorte qu’on finissait par oublier la caméra. Je crois que c’est ça la force de s’autoproduire : la liberté du lieu de tournage et des conditions dans lesquelles nous travaillons […] Les artistes interviewés avaient l’impression d’être en vacances avec un bon ami sur le bord du lac. »

En moyenne, chaque émission a généré plus de sept heures de matériel. Un travail minutieux a donc été fait pour sélectionner les meilleures parties à conserver. « Je réalisais les dossiers de presse des invités et Serge composait les questions. Ensuite, après les tournages, je m’installais avec l’équipe et nous réécoutions tout ce qui avait été enregistré. Nous ne sélectionnons que les choses qui nous semblaient uniques ou inédites. La liberté que nous avons eu dans le montage se ressent dans le produit final puisqu’aucun épisode n’a la même durée », explique Hélène Lévesque.

Stratégie de mise en marché

Michaël Gagnon ne le cache pas, plusieurs réseaux de télévision sont intéressés à racheter les droits de Chez Padré. Toutefois, l’idée de céder le concept ne figure pas dans les plans pour l’instant. « Nous avons développé une plateforme de diffusion en continu où les gens peuvent se procurer l’ensemble de la saison où acheter à la pièce les entrevues (épisode). Nous offrons les deux options, mais l’objectif c’est évidemment de vendre l’abonnement à l’intégralité du contenu. Notre objectif au niveau financier, c’est d’atteindre 25 000 abonnés d’ici 2023. Il y a du travail à faire, mais les choses vont dans le bon sens. Il n’est pas exclu de permettre à un diffuseur un jour d’offrir notre produit à son auditoire, mais il y aura des conditions. Pas question de couper ou de changer le format ! », commente l’homme d’affaires.

De leur côté, Serge Fiori et l’équipe ne souhaitaient pas ajouter le contenu sur une plateforme appartenant à un géant du Web. « Ma conjointe Hélène Lévesque, sa fille Frédérique Simard et Michaël ont fait un travail de veille afin d’être compétitifs au niveau des prix. Ils ont analysé la durée des épisodes et comparé avec des productions similaires sur les plateformes de streaming populaire. Bien sûr des gens se désolent de ne pas accéder aux entrevues gratuitement, mais pour 3,99 $ l’épisode et 34 $ pour l’entièreté de l’œuvre, c’est très raisonnable. Il faut noter que nous avons réalisé 11 entrevues de qualités professionnelles avec 11 personnalités marquantes du Québec que nous avons réussi à faire déplacer au Lac-Saint-Jean. N’importe quel producteur sait qu’un tel projet nécessite d’énormes investissements », explique le musicien qui ajoute qu’il ne croyait pas au début que les invités allaient accepter d’embarquer dans son aventure. « Les artistes ont été d’une grande générosité avec nous et j’en suis très reconnaissant. »

Chez Padré 2 ?

Le couple résident à Saint-Henri-de-Taillon est actuellement à la recherche de nouvelles personnalités à interviewer. « Pour le choix des invités, c’est Serge et Hélène qui s’occupent de ça, mais je peux confirmer qu’une nouvelle saison est en route et que le tournage devrait débuter à la mi-juillet. D’ailleurs, nous cherchons aussi pour ce projet à créer des partenariats avec des organismes de la région, tout comme “Chez Padré 1” le but c’est également de mettre en valeur le Lac-Saint-Jean », lance Michaël Gagnon. L’entrepreneur n’a pas voulu divulguer les célébrités confirmer pour l’instant, mais il laisse entendre qu’il y aurait un humoriste très connu et un animateur influent de Radio-Canada. « Je m’amuse à faire ça. Toute ma vie j’ai été interviewé et maintenant c’est mon tour de poser les questions. J’ai eu des intervenants que je connais depuis des dizaines et des dizaines d’années et c’est seulement lors des enregistrements de Chez Padré que j’ai vraiment appris à les connaitre, c’est une expérience unique », conclut Serge Fiori.

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