Informe Affaires - Édition Février 2014 - page 19

INFORME AFFAIRES,
Le MENSUEL
économique d’ici •
FÉVRIER 2014 • 
19
(suite de la page 16)
et de support pour quantités de don-
nées sensibles, pourraient-ils être vul-
nérables?
Se peut-il que la NSA dispose de ser-
veurs capables d’accueillir des « zettaoc-
tets 10 puissance 21 et yottaoctets 10
puissance 24 » de données, l’équivalent,
dit-on, de milliers de milliards de disques
durs? Et que la NSA prépare la construc-
tion d’un centre gigantesque de stockage
de données pour 2016, à Fort Meade au
Maryland!!! Se pourrait-il que des gens
raisonnablement intelligents risquent leur
vie pour assurer la protection des libertés
fondamentales des États-Unis et de l’en-
semble des populations citoyennes?
Sonneurs d’alerte
Semble-t-il que oui, puisque depuis
des mois déjà, les Assange, Snowden,
Manning et quelques autres, alertent
l’opinion publique et mettent à mal les
relations diplomatiques des pays qui
abusent, par leurs prouesses techno-
logiques, de la surveillance moderne.
L’un, Julian Assange, a pour sa part
diffusé des centaines de milliers de
documents diplomatiques et militaires
secrets du Pentagone. Fondateur de
WikiLeaks, ce cyber militant a entrepris
à travers diverses actions de corriger le
déséquilibre croissant des forces exis-
tantes entre les pouvoirs publics et les
citoyens.
Assange, faut-il noter, est considéré
par la revue d’affaires Forbes, parmi
les personnes les plus puissantes au
monde. À la lumière de ce qui est pu-
blié et diffusé par les médias à l’échelle
planétaire, il semble que les actions qu’il
mène troublent de plus en plus l’opinion
publique. En réplique, le gouvernement
américain cherche à traduire en justice
cet « électron libre » qui a d’abord été
arrêté à Londres, libéré, puis a trouvé
asile depuis, à l’ambassade d’Équateur
à Londres, où il se réfugie actuellement.
L’autre, Edward Snowden, un ancien
consultant de la National Service Agen-
cy (NSA), a contribué peu après le pas-
sage de la « tornade Assange », à mettre
notamment au jour le niveau élevé des
pratiques d’espionnage des États-Unis.
Les révélations de ce dernier secouent
avec éclat et comme jamais auparavant,
les certitudes acquises au chapitre des
renseignements secrets. Il reproche à la
NSA, mais aussi au FBI, de collecter et
d’analyser les données et profils numé-
riques de l’ensemble des communautés
d’internautes.
Snowden a mis pleinement en lumière
par diverses « fuites de documents »,
que la NSA a bel et bien espionné les
instances dirigeantes de l’Europe dont la
France, l’Allemagne ainsi que des pays
d’Amérique latine dont l’Argentine.
Actuellement réfugié en Russie, Snow-
den attend de voir comment les plus
hautes instances judiciaires et orga-
nismes d’espionnage de l’oncle Sam
vont ultimement décider de son sort. Un
troisième, en l’occurrence Bradley Man-
ning, analyste militaire qui a transmis à
Wikileaks des documents militaires clas-
sifiés concernant l’Irak, a fait l’objet lui
aussi d’une attention médiatique sans
précédent.
En 2010, l’armée américaine a procédé
à son arrestation et la Cour martiale l’a
condamné l’an dernier, à 35 ans de pri-
son. Depuis, il est détenu à la prison de
Fort Leawenworth, au Kansas. Ces cy-
ber militants alertent les citoyens bran-
chés d’aujourd’hui que leur sécurité et
leur vie privée sont menacées. Leurs
révélations-chocs démontrent que des
programmes (logiciels) de surveillance
électronique par la collecte de rensei-
gnements à partir d’Internet et d’autres
fournisseurs de services électroniques,
existent bel et bien et opèrent 24 heures
sur 24.
Elles mettent en valeur l’ampleur de
l’écoute effectuée par l’intermédiaire des
programmes de surveillance au nombre
desquels ceux baptisés PRISM et TEM-
PORA.
La « réforme » d’Obama
En réaction, le président des États-
Unis, Barack Obama, a annoncé tout
récemment une série de mesures pour
corriger les empiètements (surveillance
et interception des communications »
de l’agence américaine.
Toutefois, M. Obama a laissé en place
le programme PRISM de surveillance
d’Internet. Le programme PRISM conti-
nue donc de collecter des données nu-
mériques sur les serveurs des grandes
sociétés (Google, Microsoft, Face-
book). La NSA, fait valoir le président
américain, se doit d’ assurer la défense
et protection des États-Unis d’Amérique
contre le terrorisme et autres pouvoirs
qui menacent.
Les défenseurs des libertés civiques,
tant de l’Europe et de l’Amérique du
Nord, qualifient de « modeste » voire
de faiblarde « la réforme en voie d’être
mise de l’avant ». Pour leur part,
quelque 500 personnalités internatio-
nales influentes, d’auteurs provenant
de 80 pays, dont Margaret Atwood du
Canada, Umberto Eco d’Italie, et 5 Prix
Nobel de la paix, viennent d’initier une
pétition pour une défense de la démo-
cratie à l’ère numérique.Ces écrivains
appellent « l’ONU à reconnaître l’ex-
trême importance de la protection des
droits civils de l’ère numérique et de
la création d’une Charte internationale
des droits numériques. »
Par ailleurs, des spécialistes de l’in-
formation et de la communication et
groupes d’éthiciens considèrent que
la réforme amorcée par Obama consti-
tue un « pas dans la bonne direction »
si la controverse extrême qui entoure
cette technologie des réseaux, se met
graduellement au service d’une démo-
cratie, et qui sait d’une gouvernance
mondiale.
108F02-14
cahier spécial
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